20 juin 1993, Rome.
Des pleurs, des cris, de joies ou de douleurs … Tous ceux-ci résonnaient dans les couloirs de l'hôpital alors qu'une jeune femme à la peau très blanche, aux longs cheveux noirs et aux jolies yeux bleus, donnait naissance à un magnifique bébé, qu'elle fit appeler Céléstine signifiant ''venant du ciel'' … Ce prénom représentait tout à fait ce que voulaient le père et la mère de la petite fille qui venait de venir au monde. Des mois et des mois passèrent avant que Célestine ne devienne une petite fille en âge de parler et de comprendre ce qui l'entourait …
2003,Irlande.
Voilà bien longtemps que Célestine avait déménagé de son pays natal. L'Italie lui manquait alors qu'elle n'avait qu'une dizaine d'années derrière elle. Ici, tout était froid, pluvieux, nuageux … Gris et morne. Rien qui ne l'intéressait vraiment. La jeune fille aimait le soleil sur sa peau et la joie de vivre qui régnait dans le quartier où elle habitait auparavant …
Allonger dans l'herbe humide du matin ,la jeune fille fixait le ciel gris avec un air concentré. Comme à chaque fois, elle plissait les yeux pour mieux percevoir ce qui l'entourait. La petite fille avait toujours l'impression d'avoir un voile par dessus les yeux mais elle n'y prêta aucune attention … C'était devenu tellement normal pour elle …
Aujourd'hui, nous étions Dimanche et comme chaque Dimanche Célestine se levait tôt, trop tôt, pour sortir et prendre l'air. C'était une habitude, que ses parents réprimandaient à chaque fois mais ils avaient fini par arrêter de tenter de la punir … Elle recommençait de toute façon.
Elle ne savait pas pourquoi mais la lumière du matin l'attirait inexorablement. Elle avait besoin de cette lumière, que le temps soit pluvieux ou non …
2007, Irlande.
-Ce n'est pas une bonne nouvelle que je vous apporte, Madame Rosier.
La mère de Célestine, Elizabeth, serra un peu plus la main de sa fille dans la sienne, assise en face du bureau du médecin traitant de Célestine.
-Je … Je ne comprends pas. Expliquez-moi, s'il vous plaît, balbutia Elizabeth.
Le médecin repoussa ses lunettes sur son nez avant de croiser ses doigts et de se racler la gorge, comme si il s'apprêtait à lui annoncer que sa fille allait mourir. Celle-ci observait d'un air inquiet son médecin bien qu'elle tenta de masquer son expression le plus possible … En vain. Elle n'avait jamais été très forte pour cacher ses émotions.
-Ce que j'essaye de vous dire, c'est que votre fille a une dégénérescence au niveau de la vue qui la conduira un jour, peut-être dans quelques années, à la cécité … Plus communément appeler, choroïdérémie.
Célestine tourna son regard vers sa mère qui ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. La jeune fille qu'elle était comprit tout à fait ce que la vie lui réservait et à vrai dire, elle s'en doutait. Sa vue avait commencé à se détériorerai depuis qu'elle était petite … Cette annonce la refroidit mais ne la choqua pas. En revanche, sa mère fut plus longue à réaliser la chose. Alors elle serra la main de sa mère plus fort encore, comme pour la rassurer …
Elizabeth, déglutit puis inspira avant de demander :
-Et … Il n'y a aucun traitement pour ça ? Une opération, peut-être ?
Une lueur d'espoir brilla dans les yeux de la femme, suppliant intérieurement le Seigneur de sauver sa fille. De ne pas la laisser comme ça …
-Il n'a rien qui soit encore connu aujourd'hui pour soigner une future … aveugle, Madame, répondit piteusement le médecin qui connaissait depuis toute petite la jeune fille qui tentait de rassurer sa mère.
Un bruit étranglé s'échappa des lèvres de la brune et Célestine ne sut plus où se mettre ni que faire …
O0O0
Dans la voiture, un silence de mort régnait. Sa mère conduisait, les larmes coulant à flots sur ses joues rougit. L'adolescente assise sur le siège passager ne savait comment consoler sa mère. Elle se sentait un peu bête. Elle aussi, aurait dû pleurer … Elle aussi, aurait pu se sentir désespérer au point de devenir folle. Elle n'allait, après tout, plus pouvoir lire, ni écrire, ni faire quoi que ce soit … Il ne lui restait que quelques années avant que son état ne se détériore encore plus … Elle en profiterait au maximum …
Un an plus tard, Irlande.
La nuit était tombée depuis longtemps déjà et Célestine s'était endormie comme une souche dés que sa tête avait touché l'oreiller. Sans même prendre le temps de dîner, la jeune fille avait fait ses devoirs et s'était couchée, épuisée après une journée épouvante. Encore une fois. Être la tête de turc de certaines filles du collège était des plus fatigants … En effet.
Les gens n'avaient absolument aucune bonté envers les gens touchés par un handicap comme elle. Le terme ''bigleuse'' ou les phrases du genre ''Tu ferais mieux de te crever les yeux, ils ne te servent à rien de toute façon !'' suivit par d'affreux rire moqueur, revenaient souvent à l'école. Mais Célestine préférait les ignorer, restant avec le peu d'amis qui avaient eu l'ouverture d'esprit de l'accepter tel qu'elle était.
Célestine s'agita brusquement dans son lit alors qu'une lueur bleu et blanche se mettait à scintiller à sa main droite … Célestine ne se réveilla pas. Elle sentit simplement une étrange énergie la traversait alors que sa main continuait de vibrer d'une lueur qui aurait aveuglait n'importe qui, si il avait été dans la pièce.
Quelques minutes passèrent, puis la lueur s'apaisa petit à petit alors que la jeune fille se tournait encore une fois avant de plonger un peu plus dans un sommeil agité.
2008, Irlande
On la poussa brusquement contre le mur alors qu'un énième coup revint au même endroit, à la tempe. Célestine gémit en tentant de se protéger et de balancer ses fines jambes devant elle.
Tout était flou, trop flou. Elle ne percevait que les cris et les injures qui pleuvaient sur elles … Rien d'autre. Un coup au ventre lui coupa le souffle et elle se plia en deux, tentant de sortir de toute cette cohue enragée. Mais on l’attrapa par la cheville alors qu’une voix féminine lui lançait d'une voix moqueuse :
-Alors l'aveugle ?! On fuit ?
Célestine sentit que des sanglots remontaient dans sa gorge alors qu'une gifle venait lui vriller l'oreille.
Sachant que rien ne pourrait les arrêter, Célestine fit comme toujours. Elle se retrancha autre part, dans son esprit, tentant de concentrer tout son esprit sur quelque chose de beau … Qui la rendait heureuse. Et elle attendit que les coups cessent … Et ils cessèrent. Au bout d'une dizaine de minutes, alors que la jeune fille avait la lèvre inférieure ensanglantée et les muscles plus qu'endoloris, le petit groupe se dissipa alors que Célestine entendait quelqu'un lui crachait dessus.
Une fois qu'elle fut à peu près sûre que tout le monde fut partie, elle se permit de pleurer. Elle inspira et expira à travers ses sanglots, tentant de reprendre une respiration normale …
Voilà plusieurs années que c'était comme ça. Que la jeune fille vivait ces violences quotidienne sans en toucher un mot à personnes, même pas à ses amis. Car à quoi bon ? Qui arrêterait des personnes dont elle ne distinguait presque même pas le visage, la violence des coups qu'elles lui donnaient l’empêchant de pouvoir voir correctement … Et puis … Qui la croirait ? C'était un des collèges les mieux fréquentés de la ville. Du moins c'est ce qu'elle croyait.
Jamais ça ne cesserait, se dit-elle en se recroquevillant sur le sol, ses cheveux emmêlés étalés sur le sol et le visage crispé par une douleur bien plus forte que celle qui était physique.
2009, Angleterre.
La nouvelle était arrivée vite. Trop vite. Trop brusquement. Trop tragiquement.
Assise au chevet de sa mère, Célestine, âgée d'à peine 16 ans, pleurait en silence, tenant la main pleine d'égratignures de celle qui l'avait mise au monde et chérit comme une mère exemplaire, jusqu'à ce jour.
Elle avait reçu un coup de fil, en pleine nuit alors que ses parents étaient partit à une soirée entre amis. Ils lui avaient donc laissé la maison rien que pour elle et Célestine en avait profité pour appeler quelques amies puis se coucher. Cet appel avait changé sa vie. En seulement quelques heures, elle avait perdu son père et sa mère était dans un état critique.
En effet, sur le chemin du retour, son père avait légèrement bu et n'avait donc pas tous ses moyens pour conduire … Surpris, par l'arrivée d'un sanglier sur la route, il avait détourné brusquement le volant et la voiture avait foncé dans la barre de sécurité de l'autoroute. Son père : mort sur le coup.
Retrouvé par un des passants qui avait appelé une ambulance, sa mère avait été tout de suite emmenée à l'hôpital.
Et la voilà, qui attendait désespérément qu'elle se réveille. Qu'elle lui sourisse en lui disant que tout allait bien, qu'elle n'avait plus à s'inquiéter … Mais elle n'en fit rien. Et elle ne le fit jamais.
O0O0
2010, Angleterre.
Célestine se réveilla, comme tous les matins, la tête aussi lourde qu'un boulet et les yeux gonflés d'avoir trop pleuré. Sa sensibilité la perdrait un jour. Elle n'arrivait jamais à faire semblant … A faire croire aux autres que tout allait bien.
Ses parents étaient mort depuis un an maintenant et tous les soirs, elle se remettait à pleurer à chaud de larmes. Comme si ses larmes pouvaient ramener ses parents, se dit-elle amèrement alors qu'elle descendait les escaliers de sa maison.
Par « chance », si on pouvait appeler ça comme ça, les personnes qui s'étaient occupés d'elle après le décès de ses parents, avaient pu lui autoriser de rester en simple compagnie de ses grands parents du côté maternel. Elle n'avait plus qu’eux à présent.
Arrivant dans la cuisine, elle trouva son bazar de bouquins de médecines et de dossiers d'inscriptions étalés sur la table au centre de la pièce. En effet, la seule bonne chose qui avait pu lui arriver après ce qui était arrivé à ses parents, était qu'elle avait trouvé sa voie : la médecine. Elle s'était haï de n'avoir rien pu faire à ce jour, pour simplement sauver sa mère. Le médicale n'était pas facile, loin de là. Elle travaillait dur pour réussir à ne serait-ce que comprendre une page de ces bouquins. Mais elle ne lâcherait rien. Elle réussirait, elle le savait. Abandonner serait pour elle, comme un second échec. Comme si sa mère mourrait une deuxième fois.
Sortant dans le froid matinal, vêtu simplement d'un shirt et d'un sweat de pyjama, elle alla ouvrir sa boîte aux lettres. Le cerveau encore embrumé par le sommeil, elle fit glisser lentement les lettres les unes après les autres … Puis une lettre signée d'un seau étrange attira son attention. Haussant un sourcil elle lut le nom de ''Bellarosa'' inscrit en une écriture fine et ancienne.
Elle ouvrit le courrier, ayant vu son nom sur le courrier, et ce qu'elle y lut transforma tout … Ou presque.
2011, Angleterre.
Elle ne s'était absolument pas attendue à ça … A une telle douleur. Fulgurante, déchirante, perçante.
Célestine se tordait sur le sol de sa chambre, habillée de son unique robe blanche, les dents serrées et les paupières crispées.
Elle tentait de faire le moins de bruit possible, ne voulant pas alerter ses grands-parents qui ne comprendraient sûrement pas pourquoi leur petite fille souffrait autant …
Elle n'était ni victime d'une gastro ni d'une appendicite … Juste le jour de son Choix était arrivé.
La lettre qu'elle avait reçue un an auparavant, l'y avait préparé … Mais pas assez visiblement.
Sa main se mit à luire d'une violente lumière bleue et blanche mais Célestine n'y fit pas attention trop occuper à souffrir, comme si des milliards d'aiguilles transpercer sa peau de toute part.
Puis le mal finit par s'atténuer … Lentement, la laissant essouffler, les larmes aux yeux. Reprenant doucement son souffle, elle releva sa main vers ses yeux souffrants et elle y vit ce qu'elle attendait depuis des lustres … Sa Rose. Un sourire faiblard vint se poser sur ses lèvres alors qu'elle se sentait enfin soulagée d'un poids. Elle était enfin une sor'cière à part entière ! Son avenir se rapprochait lentement mais sûrement d'elle … Sa mère ne serait jamais morte en vain, finalement.
2013, Bellarosa.
Une plume à papotte à la main et un dossier médical dans l'autre, Célestine se retourna ves la jeune fille face à elle qui venait de lui dire qu'elle avait un horrible mal de ventre.
Pleine de bonnes intentions, la jeune infirmière qu'elle était ignora le regard sardonique du médecin, Ézéchiel avec qui elle travaillait depuis quelques temps et elle dit à la jeune patiente :
-Allonge toi donc sur un des lits ! JE vais tenter de voir ce que tu as.
Avec un sourire ravie, bien trop peut-être, la jeune fille courut presque s'allonger sur le lit aux draps blancs.
Célestine lança un regard au médecin à côté d'elle qui ne pipait mot et qui devait sûrement fulminait de la voir s'occuper d'une patiente … Célestine ne comprenait pas vraiment pourquoi … Après tout, tous les élèves de cette école étaient des patients potentiels et c'était son devoir de s'en occuper. Faisant la moue, elle lui passa devant pour aller s'occuper de la jeune blonde qui avait déjà pris ses aises sur le lit …
Elle entendit Ézéchiel jurait assez vulgairement et sortir de la pièce.
-Quel con ! marmonna la jeune femme alors qu'elle débutait son examen, ignorant sa vue qui se brouillait chaque jour de plus en plus …